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Une étude conjointe de la VUB et de l’ULB se penche pour la première fois sur la baisse du taux de participation aux élections en Belgique

La participation aux élections est en déclin depuis des décennies en Belgique. Lors des dernières élections de 2019, non moins de 1,3 million de Belges, soit 17 % de nos compatriotes en droit de voter, n’ont pas voté ou ont rendu un bulletin de vote blanc ou nul. À la demande de l’appli d’identité itsme, l’ULB et la VUB ont mené une grande étude sur l’absentéisme électoral en Belgique afin de mieux comprendre leurs motivations. Avec cette étude, les trois initiateurs espèrent lancer un débat et proposer des solutions réalistes pour combler le fossé entre le citoyen et la politique.

L’abstention de vote est une préoccupation dans de nombreuses démocraties. En Belgique, l’obligation de vote avait jusqu’ici maintenu un niveau relativement élevé de participation aux élections. Depuis quelques années cependant, le nombre de non-votants augmente lentement mais sûrement : les trois dernières élections (2010, 2014, 2019) ont même connu les pourcentages les plus élevés de tous les temps. Lors des élections parlementaires de 2019, un nombre record de près d’1 million d’électeurs n’ont pas participé aux élections et 5,4 % ont rendu un bulletin blanc ou nul. Au total, il s’agit donc de 17 % des électeurs enregistrés qui renoncent à participer. Entretemps, le gouvernement flamand a décidé de supprimer l’obligation de vote à partir de 2024 pour les élections communales et provinciales. La Wallonie, quant à elle, poursuit son expérience du vote au format papier.

Au vu de ces nouvelles évolutions, il est grand temps d’examiner les facteurs qui amènent les électeurs belges à ne pas exprimer leur voix. L’absentéisme électoral n’a pas encore fait l’objet de beaucoup de recherches dans notre pays mais, vu le nombre croissant de non-votants, il est devenu un sujet d’actualité brûlant. C’est dans ce contexte que le Centre d’étude de la vie politique (Cevipol) de l’ULB et le Groupe d’experts en sciences politiques (POLI) de la VUB ont réalisé une étude de grande envergure

Motifs et solutions

Le rapport de l’ULB et de la VUB comporte deux parties. Dans la première, les chercheurs examinent pourquoi l’absentéisme électoral peut être un problème pour la démocratie. Ils font le point de cet absentéism en Europe et en Belgique et énumèrent les raisons qui poussent les électeurs à rester chez eux le jour des élections. Certaines personnes rencontrent uniquement des difficultés pratiques à se rendre au bureau de vote mais, pour un groupe important, la non-participation est un choix délibéré. Cette « abstention de vote » est due principalement à un désintérêt et, de plus en plus, à une insatisfaction vis-à-vis de la vie politique organisée dans notre pays.

La deuxième partie du rapport avance des solutions possibles pour réduire l’absentéisme électoral à court terme comme à long terme. Différents pays ont par exemple instauré des programmes de formation à la citoyenneté dans l’espoir d’intéresser à nouveau un plus grand nombre de jeunes au processus électoral. Un autre moyen d’augmenter le degré d’implication consiste à développer des tests électoraux en ligne permettant aux électeurs d’obtenir des informations sur les positions politiques des partis. Des contacts plus directs et plus fréquents avec les candidats et élus augmentent aussi considérablement l’envie de voter. Il ressort de la même logique qu’une plus grande transparence concernant les décisions des élus a des effets favorables sur le taux de participation aux élections. Une meilleure représentation des groupes minoritaires contribue elle aussi à combattre le cynisme politique.

À court terme, ce sont surtout les modalités des élections elles-mêmes qui peuvent avoir une incidence sur le taux de participation. Outre l’organisation de campagnes d’information et le maintien du vote obligatoire, la simplification du processus de vote en particulier joue un rôle important. C’est ici aussi que l’application d’identité itsmepourrait jouer un rôle important selon Stephanie De Bruyne, CEO d’itsme

« L’e-voting, ou vote à distance, est techniquement tout à fait possible à l’heure actuelle et simplifierait considérablement la procédure de vote. Il pourrait bien avoir un impact favorable sur la participation aux élections en Belgique. »

Voter à distance

En Belgique, l’électeur doit encore se rendre physiquement au bureau de vote à une date fixée au préalable. Il ressort de l’étude que cette contrainte pousse un certain nombre de personnes à faire l’impasse sur les élections. Il serait possible de stimuler la participation aux élections en permettant aux électeurs de voter en ligne, par exemple depuis leur domicile sur leur ordinateur ou à distance depuis leur smartphone. Avec l’appli d’identité itsme, il existe déjà en Belgique une solution largement reconnue qui rend l’e-voting techniquement possible. Quelque 70 % des Belges adultes possèdent actuellement un compte itsme. Et comme les Belges sont désormais familiers d’itsme, ce serait donc un excellent moyen de simplifier la procédure de vote.

L’ensemble de l’électorat pourrait utiliser l’application pour voter, mais la possibilité de voter à distance au moyen d’itsme est sans doute particulièrement intéressante pour certains groupes-cibles spécifiques. C’est le cas par exemple des électeurs indécis, des jeunes et des personnes âgées, mais aussi des étrangers autorisés à voter et des Belges à l’étranger. L’appli pourrait être utilisée non seulement dans le cadre d’élections, mais aussi pour d’autres consultations dans le contexte plus large de la participation citoyenne.

Dans le cas de l’e-voting, il est très important de concevoir le système de manière ergonomique pour que les citoyens ne ressentent aucun obstacle pour voter. Cela ne sera pas un problème avec itsme. L’identification en ligne de l’utilisateur d’itsme se passe toujours de la même façon. L’appli itsme possède toutes les capacités techniques nécessaires pour permettre aux personnes de voter facilement, en toute sécurité et de manière anonyme. itsme garantit votre identité, mais il n’y a aucun lien entre l’appli et l’enregistrement de votre vote en soi.

2022: deuxième volet de l’étude

Quelles que soient les solutions choisies, le rapport de l’ULB et la VUB indique clairement que les actions ne peuvent pas se limiter à de simples réformes techniques. Il faut aussi avoir l’audace d’examiner la citoyenneté et la relation entre les électeurs, les élus et les institutions au début du XXIe siècle. Le vote n’est qu’un moyen d’action parmi d’autres des citoyens. Il existe aussi d’autres formes de participation qui assurent la vie de la démocratie, comme les consultations citoyennes et la signature de pétitions. C’est pourquoi l’étude de itsme, de l’ULB et de la VUB souhaite consacrer l’attention nécessaire à toutes les formes de participation des citoyens. À cette fin, les trois partenaires lanceront en 2022 un deuxième volet de leur projet de recherche visant à établir un rapport détaillé sur les nouveaux forums de participation citoyenne qui se développent actuellement au sein du système politique belge. Il incombera ensuite aux responsables politiques de décider des voies à suivre pour renforcer la participation politique dans notre pays.